Note d’intention de Franck Vestiel :
« Écho d’une écologie française en col roulé, traditionnellement moquée, les voix de Cassandre jusque-là entendues sont devenues écoutées. À l’heure où notre bien-être devient inversement proportionnel à celui de l’ensemble du reste du monde vivant, la société entière prend conscience d’un défi unique dans son histoire : sa propre croissance n’est plus soumise à l’enjeu de la simple sauvegarde de sa civilisation mais bien à moyen terme de celle de l’humanité tout entière. Question concernant chacun mais qui nous dépasse tous bien sûr. C’est à elle, fantasmée par le genre, qu’aura à répondre TOLBIAC, modestement et pour le moins de façon radicale. À travers le vecteur du film fantastique, et de l’allégorie qu’il autorise, le voyage de TOLBIAC prend le sens d’une quête de lui-même et du rôle qu’il a à jouer dans ce monde obscur. L’obsession de la mise en scène réside dans le fait de faire vivre le film à la hauteur de TOLBIAC. La caméra à l’épaule ajoutera à la volonté d’adhérer à sa vision, la simplicité du découpage à celle d’une continuité temporelle. Principe narratif évoquant celui d’un jeu vidéo, le personnage est projeté dans un monde dont il ignore tout. Les évènements et l’intuition sont les moteurs de ses choix. C’est au moment de son aboutissement que la mission est alors définie, c’est (hélas ?) après l’avoir remplie que le protagoniste prend totalement conscience du but de son périple. Jamais en retard ou en avance d’une information, le spectateur n’a d’autre alternative que d’appréhender ce qui l’entoure avec les sens de TOLBIAC, fussent-ils altérés. Clairement à l’attention d’une catégorie de jeunes amateurs de fantastique, mêlant visions mangas et codes de jeu de rôle, la volonté est d’entraîner le spectateur dans un monde parallèle par le biais d’une démarche quasi-classique à ses yeux. Profitant d’une culture générationnelle que j’ai pratiquée de façon intensive, j’ai l’ambition affichée de proposer à ce public ce qu’il recherche : un moment d’évasion dont il aura eu le sentiment d’avoir été plus que spectateur.
Franck Vestiel
« Je ne l’ai pas vu, je n’étais pas là, mais en revanche j’en ai vu plusieurs extraits et dans ce que j’ai ressenti, c’est le genre de films, très intéressants, qui me réconcilie avec le cinéma français. Quand je suis parti pour les Etats-Unis, j’avais l’impression qu’il était impossible de tourner ce type de films. Je sais qu’il n’a pas très bien marché, mais il a le mérite d’exister, c’est un film différent, comme Martyrs certainement. Il est nécessaire que certains films donnent ainsi un coup de poing au public, qui a de plus tendance à penser que le cinéma aujourd’hui se range dans des cases, la case du cinéma français, asiatique, américain… et le cinéma français aujourd’hui ce n’est pas seulement La grande vadrouille, ni Bienvenue chez Ch’htis. Ce n’est pas un bon film, ni un mauvais d’ailleurs, c’est un film, honnête sans plus, un film justement typiquement français, à ranger dans ces fameuses cases. Si à l’époque, dans les années 80, j’avais grandi avec des films comme Eden Log, tournés en langue française, comme Delicatessen ou La cité des enfants perdus, je ne me serai peut-être pas tourné vers les Etats-Unis. C’est un cinéma français qui me parle, mais c’est un cinéma français qui est rare, c’est la raison pour laquelle je voulais en parler. »
Louis Leterrier
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